
La clé d’une conclusion positive à une démarche de repreneuriat d’une entreprise industrielle repose sur sa planification. C’est du moins l’opinion de Christine Pouliot, vice-présidente et associée, directrice pour le Québec chez PwC Canada.
PwC regroupe plus de 7000 associés et employés au Canada et à travers le monde, la multinationale compte 370 000 employés dans 149 pays.
« Avec les baby-boomers qui arrivent à la retraite et une population vieillissante, les occasions sont nombreuses aujourd’hui d’acquérir une entreprise. Il y a aussi beaucoup de capitaux disponibles tant du côté des institutions privées que de celles publiques », explique madame Pouliot. « De plus, avec des taux d’intérêt à la baisse et une inflation contrôlée, c’est un marché porteur actuellement. »
Selon Repreneuriat Québec, une démarche de repreneuriat se définit comme la reprise ou le rachat d'une entreprise par une ou plusieurs personnes. Il peut s’agir d’une simple acquisition, d’une fusion ou du passage d’une génération à une autre dans le cas d’une entreprise familiale. L’incertitude économique est le seul bémol au tableau présentement, et cette incertitude est le résultat des politiques commerciales, comme les tarifs, mis de l’avant par le président des États-Unis, mais également de la situation mondiale géopolitique.
« D’un point de vue macroéconomique, c’est effectivement le cas, mais cela ne veut pas dire qu’il faille mettre un frein à tous les projets de repreneuriat. Même si les manufacturiers sont pris dans un tourbillon, il y une multitude d’opportunités intéressantes, suffise de se rappeler que les entreprises de service, par exemple, ne sont assujetties à aucun tarif et que 92% des exportations canadiennes vers les États-Unis sont le fruit d’entreprise qui profitent présentement de l’ACEUM (Accord Canada, États-Unis, Mexique). Après une première moitié d’années 2025 marquée par un ralentissement des activités de fusions et acquisitions causé par cette incertitude, les choses se sont stabilisées cet été et on sent qu’il y a un regain cet automne », poursuit Christine Pouliot.
Selon cette dernière : « Plusieurs intervenants et investisseurs ont des projets intéressants sur la table et des capitaux à déployer pour profiter des occasions. C’est un contexte porteur présentement, mais il ne faut jamais oublier que la vente d’une entreprise, ou son acquisition est un projet qui demande souvent plusieurs années de réflexion et de planification. Il faut songer à la structure de transaction désirée, à la période pour laquelle une transition sera nécessaire entre le ou les vendeurs et l’acheteur, à la valorisation de l’entreprise, aux employés clés et à leur rôle suite à la transaction, à ce que les deux entreprises recherchent dans une transaction. Ce sont là quelques questions, parmi plusieurs, auxquelles il faut mûrement réfléchir. »
Certains acheteurs optent pour une entreprise sous performante afin d’optimiser les retombées de sa nouvelle lancée. D’autres acquéreurs cherchent une entreprise qui va bien. Dans les deux cas, le jumelage doit améliorer les résultats de la nouvelle entreprise. Dans le cas de l’acquisition, il est capital que le vendeur soit entouré d’une équipe de direction performante qui continuera son travail au sein de l’acheteur. Un projet de vendre ou d’acheter est un défi comportant son lot de distractions qui ne doivent pas impacter les activités quotidiennes d’une entreprise industrielle.
Le vendeur et l’acheteur doivent également, de chaque côté de l’allée, penser au « timing » afin de choisir le meilleur moment pour maximiser le transfert. La communication est aussi un autre élément qui ne doit pas être négligé. Il faut s’assurer que le personnel des deux côtés de la transaction soit bien au fait de ce qui se trame, car la réaction des employés pèse lourd dans le dénouement de la démarche.
Commencer à penser à vendre ou acheter est le meilleur temps pour consulter des ressources externes afin de recevoir des conseils avisés qui peuvent de nature fiscale, transactionnelle ou même financiers. Ces mêmes consultants peuvent également identifier des acquéreurs ou des vendeurs potentiels. Toutes ces étapes sont des éléments d’une planification bien pensée qui ne peut qu’augmenter les chances de réussite.