Si l’année 2005 a été éprouvante dans le secteur de la foresterie, avec la perte de 4 000 emplois, dont 1 000 d’entre eux sont la cause directe du rapport Coulombe, les analystes s’entendent pour dire que 2006 ne sera guère meilleure et devrait compter d’autres fermetures d’usines.
Mais de son côté, la Société générale de financement (SGF) veut donner un sérieux coup de barre pour mettre fin au drame interminable de l’industrie forestière.
Ainsi, la SGF a laissé entendre qu’elle allait investir dans le secteur pour aider sérieusement les entreprises à consolider leurs activités. À ce jour, la SGF a déjà perdu au-delà de 150 M $ sur papier, en raison de la baisse de la valeur de ses 18,2 millions d’actions dans Domtar. Le président et directeur général de la SGF, Pierre Shedleur, est formel : pas question de vendre à ce moment-ci ; bien au contraire, il estime tirer profit de ses investissements à long terme.
L’industrie forestière traverse une période chaotique, alors que le dollar canadien ne cesse de grimper, que le conflit du bois d’œuvre avec les Américains n’est toujours pas réglé – malgré les décisions de la justice donnant raison au Canada – et les recommandations du rapport Coulombe voulant diminuer de 20 % l’exploitation forestière. De plus, faut-il le préciser, c’est au Québec que se retrouvent les coûts d’exploitation les plus élevés.
Rapport Coulombe
En 2005, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a diminué de 20 % la possibilité d’exploiter les forêts publiques d’essence résineuse. Cette politique fait suite aux recommandations du rapport Coulombe.
Résultat : une réduction de 10 % à 20 % de la récolte de bois résineux au cours des prochaines années. Certes, les nombreux feux de forêts sur le territoire québécois ont rendu disponible temporairement plus de bois à la récolte, mais au chapitre des forêts de feuillus, bon nombre d’entreprises de sciage ont dû cesser leurs activités depuis que les normes d’exploitation ont diminué de 5 %.
L’effet négatif de ces politiques se fera réellement sentir cette année et en 2007.
Solutions
Le comité de travail, composé de syndicalistes, de représentants de l’industrie et de membres du gouvernement et mis sur pied par Québec en 2005, fera part de ses propositions très bientôt pour redresser l’industrie.
Déjà, des hypothèses sont avancées comme celle d’abolir la taxe sur le capital, ce qui représenterait un manque à gagner de 100 M $ à Québec. D’autres mesures sont envisagées sans toutefois les connaître.
À la SGF, on croit que le mode de gestion de la forêt doit être revu de fond en comble, de même que le transfert des contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier. Pierre Shedleur explique que les données économiques ne sont plus les mêmes que celles d’autrefois : les coûts de la fibre et du transport sont plus élevés et l’industrie devra probablement envisager de procéder à la deuxième et troisième transformation.
Avenir
Selon des analystes spécialisés en ressources forestières, le regroupement des entreprises ne fait que commencer et devrait se prolonger bien au-delà de cette année. La consolidation des activités a beaucoup de chemin à faire pour rejoindre un niveau acceptable à l’échelle mondiale.
Bien que l’engouement des médias électroniques soit l’une des nombreuses causes du déclin du papier journal, l’augmentation de la capacité de production chinoise en est une autre puisqu’elle réduit la croissance des usines nord-américaines.
Pour contrecarrer cette tendance, la Banque de la Nouvelle-Écosse croit que des usines de papier journal devront s’orienter vers le papier à brillance élevée fabriquée depuis la pâte mécanique. Ce nouveau créneau ferait ainsi rayer de la carte 10 % de la capacité nord-américaine de production de papier non couché sans pâte mécanique (UFS) d’ici l’an prochain.
Prix à la hausse
Si le prix moyen du papier journal s’établissait à 600 $ US la tonne en 2005, les experts estiment que cela devrait grimper à 660 $ US cette année. Pour ce qui est du bois d’œuvre, le coût moyen pour le 1 000 pieds-planche était de 351 $ US l’an dernier, alors qu’il devrait tomber à 330 $ US en 2006.
Une bonne nouvelle qui devrait réjouir les producteurs canadiens : on croit généralement que la Chine pourrait connaître une baise de sa production de pâte commerciale en raison d’un manque de matières premières. Si tout se confirme, cela aurait pour effet de faire pression à la hausse sur les prix de la pâte et donner un sérieux coup de pouce aux Canadiens.