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Résilience du secteur manufacturier : un virage essentiel à venir

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Par Manufacturiers et Exportateurs du Québec

Le secteur manufacturier québécois traverse une période de forte incertitude alors que les menaces répétitives de l’administration Trump, les tarifs douaniers et les contre-tarifs imposent depuis des mois une pression majeure sur les activités des entreprises.

Le secteur manufacturier en souffre. Déjà, 56 % des manufacturiers ont dû réduire leurs marges bénéficiaires de façon modérée à importante pour faire face à cette situation. Selon un sondage réalisé par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), si ce climat d’affaires précaire se poursuit, 50 % de ces entreprises pourraient n’avoir d’autres choix que d’effectuer des mises à pied, reporter des investissements, déplacer ou même cesser certaines activités.

Alors que le secteur manufacturier représente 12,8 % du PIB québécois ainsi que 85,1 % des exportations, il est impératif de se tourner rapidement en mode solution afin de renverser la tendance et soutenir les entreprises d’ici qui constituent un pilier essentiel de notre économie.

Heureusement, des pistes ont déjà été identifiées pour assurer la résilience des entreprises face à ces défis, encore faut-il les mettre en place.

Miser sur les leçons de la pandémie

La situation dans laquelle se retrouvent actuellement les manufacturiers n’est pas sans rappeler les turbulences vécues lors de la pandémie, qui a durement frappé l’industrie en perturbant les chaînes d’approvisionnement, en ralentissant la production et en exacerbant la pénurie de main-d’œuvre.

Pourtant, la pandémie a aussi mis en lumière la capacité d'adaptation et de résilience des entreprises québécoises. Nombre d'entre elles ont su pivoter rapidement, en réorientant leur production vers des biens essentiels ou en adoptant des modèles d'affaires numériques. Cette agilité doit maintenant être mise à profit pour faire face aux défis actuels liés aux tarifs douaniers.

Cinq ans plus tard, malgré de nombreuses recommandations visant à éviter qu’une crise future n’ait un impact aussi marqué sur l’industrie, le monde se retrouve de nouveau plongé dans une période trouble. Force est d’admettre que plusieurs des changements préconisés ne se sont pas concrétisés, laissant l’industrie exposée à certaines vulnérabilités qu’elle s’était pourtant engagée à corriger.

Aujourd’hui, les leçons tirées de la crise sanitaire, telles que l'importance de la flexibilité, de la diversification des chaînes d'approvisionnement et de l'innovation continue, doivent guider les actions des entreprises et des gouvernements pour renforcer la compétitivité du secteur manufacturier.

L’industrie se trouve à un point tournant. Cette fois, elle doit prendre le virage !

L’innovation comme moteur de croissance

Investir dans l'innovation et l'automatisation des processus de production permet non seulement d'améliorer la compétitivité, mais aussi de réduire les coûts à long terme.

Déjà, deux mesures fortes ont été présentées lors du récent budget du Québec afin d’offrir aux entreprises les incitatifs nécessaires pour moderniser leurs installations et stimuler leur compétitivité : le crédit d'impôt bonifié pour la recherche et l'innovation, ainsi que l'amortissement accéléré des équipements.

Il est essentiel que le gouvernement continue de soutenir activement l’innovation manufacturière afin que le secteur puisse renforcer sa compétitivité, accélérer sa transformation technologique et saisir pleinement les occasions offertes par les marchés d’avenir.

Soutenir la formation et miser sur des solutions éprouvées

La mise en place de programmes de formation adaptés aux besoins spécifiques des entreprises manufacturières est essentielle pour renforcer leur résilience.

Investir dans la formation continue des travailleurs permet de répondre aux besoins croissants en compétences techniques et de bâtir une main-d’œuvre qualifiée, capable de s’adapter rapidement aux innovations, d’optimiser les processus et de contribuer activement à la compétitivité du secteur.

Il sera essentiel dans le futur de continuer à adapter le soutien en fonction des situations auxquelles font face les manufacturiers.

Récemment, le gouvernement du Québec a annoncé une enveloppe de 8 millions de dollars pour soutenir la formation dans les PME et renforcer les compétences des employés en matière de diversification des marchés, une mesure accueillie positivement par l’industrie.

Mais au-delà du soutien à la formation, il est crucial de miser sur des solutions éprouvées pour faire face au contexte actuel. Le recours aux travailleurs étrangers temporaires (TET) constitue l’un de ces leviers indispensables. Leur contribution est essentielle au bon fonctionnement de nombreuses entreprises et ne peut être ignorée dans la recherche de solutions durables.

Avec près de 12 000 postes à pourvoir dans le secteur, les manufacturiers ont plus que jamais besoin de bras afin d’éviter des conséquences telles que des baisses de production, des retards de livraison ou l’annulation de projets d’investissements.

Les gouvernements sont bien au fait de l’apport majeur des TET dans l’industrie, mais les mesures spécifiques pour le secteur manufacturier tardent à se concrétiser. Sans action immédiate pour garantir l'apport de ces travailleurs essentiels, c'est toute la chaîne de production qui risque de s'effondrer. Les manufacturiers espèrent désormais une réponse claire et concrète de la part des gouvernements à cet égard.

Favoriser les produits fabriqués au Canada et au Québec

Thématique récurrente pendant la pandémie, les tarifs douaniers ont remis en lumière l’importance de favoriser les produits de chez nous. Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, le gouvernement doit faire preuve de leadership et montrer l’exemple pour que les produits fabriqués ici soient mis en valeur et que notre économie puisse bénéficier d’un soutien accru en ces temps difficiles.

Pour pérenniser cette volonté d’encourager nos entreprises locales, des changements significatifs doivent être faits, notamment via une politique d’approvisionnement public claire afin de favoriser les produits fabriqués au Canada et au Québec dans les appels d’offres. Avec de nombreux projets d’infrastructure à venir à travers le pays, il est essentiel de réunir les conditions gagnantes pour favoriser nos entreprises et stimuler la création de richesse et d’emplois de qualité.

Les réalités régionales à ne pas laisser pour compte

Dans la mise en œuvre des mesures visant à assurer la prospérité du secteur manufacturier, il sera essentiel de ne pas perdre de vue les retombées concrètes de l’industrie, notamment dans plusieurs régions clés du Québec.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Montérégie, le Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches comptent sur un tissu manufacturier fort, qui joue un rôle central dans leur vitalité économique. Or, ces entreprises dépendent fortement du marché américain pour écouler leur production, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux tarifs douaniers.

Les répercussions de ces mesures protectionnistes y sont donc plus directes, plus lourdes, et touchent de plein fouet les travailleurs et les communautés locales. Il est donc impératif que les politiques de soutien tiennent compte des réalités régionales et proposent des solutions ciblées, adaptées aux défis propres à chaque territoire.

Explorer les marchés canadiens

Au-delà des réponses immédiates aux tarifs douaniers, il est crucial de mettre en œuvre des réformes structurelles pour assurer la pérennité du secteur manufacturier. La réduction des barrières au commerce interne est une des solutions.

Simplifier les échanges commerciaux entre les provinces canadiennes permettrait de fluidifier les chaînes d'approvisionnement et de réduire les coûts pour les entreprises manufacturières.

Selon une analyse du Macdonald-Laurier Institute en 2022, la libéralisation complète du commerce intérieur pourrait générer entre 75 et 140 milliards de dollars supplémentaires pour l’économie canadienne. Ces sommes ont des retombées concrètes : elles signifient des salaires bonifiés, un potentiel de croissance supplémentaire pour nos entreprises et une économie plus forte.

Même si le Québec doit continuer à protéger ses intérêts, une révision de certaines formalités administratives créant des vases clos et empêchant la libre circulation des biens pourrait être grandement bénéfique pour notre économie à la fois ici et ailleurs au Canada.    

Une opportunité de transformation

Le secteur manufacturier québécois se trouve à un carrefour. Les défis posés par les tarifs douaniers américains, bien que significatifs, ne sont pas insurmontables. En misant sur la diversification, l'innovation, une main-d’œuvre spécialisée et la mise en œuvre des réformes identifiées, les entreprises peuvent non seulement surmonter cette crise, mais aussi en sortir plus fortes.

Cependant, pour que ces solutions portent leurs fruits, il est impératif que les gouvernements du Canada et du Québec agissent rapidement et de manière coordonnée. Le maintien des soutiens financiers annoncés, la simplification des échanges commerciaux et l'investissement dans le développement des compétences sont des leviers essentiels pour assurer la compétitivité du secteur manufacturier québécois à long terme.

Face à l'incertitude actuelle, le secteur manufacturier québécois a l'opportunité de renforcer sa résilience. L’heure est à l'action pour assurer un avenir prospère à ce secteur vital pour notre économie.

Lesecteur manufacturier québécois traverse une période de forte incertitude alorsque les menaces répétitives de l’administration Trump, les tarifs douaniers etles contre-tarifs imposent depuis des mois une pression majeure sur lesactivités des entreprises.

Le secteur manufacturier en souffre. Déjà,56 % des manufacturiers ont dû réduire leurs marges bénéficiaires de façon modérée à importante pour faire face à cette situation. Selon un sondage réalisé par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), si ce climat d’affaires précaire se poursuit, 50 % de ces entreprises pourraient n’avoir d’autres choix que d’effectuer des mises à pied, reporter des investissements, déplacer ou même cesser certaines activités.

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