Le programme de génie électromécanique de l’UQAT a vu le jour en 1996. Dès le départ, ses responsables ont préconisé une approche par projets. « Nous avons été les premiers au Québec à enseigner de la sorte. En 2000, quand nous avons commencé à offrir le programme de génie mécanique, nous avons choisi la même approche. Depuis quelques années, notre formule tend à être imitée par d’autres établissements, mais aucun programme ne se distingue autant que le nôtre », a indiqué le professeur François Godard, directeur du Module en sciences appliquées de l’UQAT.
C’est que là où la plupart des universités proposent à leurs étudiants des projets de nature académique, c’est-à-dire des simulations en classe ou en laboratoire, l’UQAT fait systématiquement appel à des projets réels et concrets soumis par l’industrie.
Lors de chaque session d’hiver, des entreprises contactent l’UQAT pour soumettre des projets aux étudiants de 3e et 4e année en génie. « Il peut s’agir de problèmes aigus à régler en quelques mois ou encore de projets exploratoires que leurs ingénieurs à l’interne n’ont pas le temps de réaliser », a précisé M. Godard.
Un comité de professeurs étudie tous les dossiers soumis par les entreprises. En équipes de deux, les étudiants doivent ensuite proposer un éventail de solutions en fonction de divers facteurs tels que les coûts, le délai d’exécution, etc. L’entreprise sélectionne alors l’option qui lui convient le mieux, et les étudiants la réalisent. Ils doivent également soumettre un rapport écrit et effectuer une présentation orale. « Tout est calqué sur une situation réelle en milieu de travail », a mentionné François Godard.
Au fil des ans, les étudiants en génie de l’UQAT ont ainsi réalisé de nombreux projets pour des clients aussi divers que Hydro-Québec, AbitibiBowater, Industries Norbord, Technosub, CMAC-Thyssen ou encore Métal Marquis, pour ne nommer que ceux-là.
« Ils ont notamment conçu un capteur de vapeurs de formaldéhyde pour l’usine de Norbord à Val-d’Or, un modèle de niveleuse de sentiers de ski de fond pour Métal Marquis à La Sarre et un système pour capter les fuites d’huile pour la machine à papier d’AbitibiBowater à Amos », a énuméré François Godard. Ces projets sont non rémunérés, mais il n’est pas rare qu’une entreprise satisfaite offre une bourse aux étudiants.
La relation avec Technosub revêt quant à elle un caractère particulier. Située à quelques coins de rue seulement du campus de Rouyn-Noranda, la conceptrice de pompes industrielles offre en partenariat avec l’université régionale trois laboratoires en milieu de travail: turbomachinerie, analyse vibratoire et programmation de machines-outils.
« Cette collaboration offre à nos étudiants un avantage majeur en ceci qu’ils peuvent se familiariser, dans une situation réelle en milieu de travail, avec des machines très coûteuses que nous ne serions pas capables de nous offrir », a fait valoir M. Godard.
À noter qu’en tout temps, que ce soit lors des laboratoires ou durant la réalisation de leurs deux projets, les étudiants sont supervisés par un professeur et un ingénieur en entreprise.
La formule retenue par l’UQAT connaît un succès indéniable depuis maintenant près de 15 ans. À la fin de la session d’hiver en cours, ses deux programmes de génie auront dépassé les 100 diplômés. Chacun aura réalisé deux projets industriels lors de son passage à Rouyn-Noranda, ce qui représente une contribution de taille au développement économique de la région.
À l’heure actuelle, environ 90 étudiants sont inscrits en génie électromécanique ou en génie mécanique. Pourtant, l’UQAT pourrait en accueillir beaucoup plus. « La demande du marché pour des ingénieurs est immense. On n’arrive pas à répondre à la demande. Notre taux de placement est pratiquement de 100 %, dont 80 % en Abitibi-Témiscamingue », a fait savoir François Godard.
Mais ce succès ne risque-t-il pas de voir un jour le modèle de l’UQAT copié en tous points ailleurs? « C’est peu probable, a assuré M. Godard. Notre petite taille nous apporte un avantage considérable. Dans une grande université, il serait très difficile d’offrir suffisamment de projets à, par exemple, une cohorte de 200 étudiants, et ce, même s’ils étaient placés en équipe de deux ou trois.»