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May

Les PME manufacturières québécoises face à un tournant stratégique

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L’imposition de nouveaux tarifs douaniers américains a provoqué des inquiétudes parmi les PME manufacturières québécoises, qu'elles exportent ou non. Pour comprendre les impacts, Richard Blanchet, président-directeur général de STIQ, a consulté une quinzaine de membres provenant de secteurs variés. Leurs témoignages mettent en lumière les défis actuels et les stratégies mises en place pour y faire face.

Des répercussions majeures même pour les entreprises qui exportent peu

La majorité des entreprises, même celles qui exportent peu, ressentent les effets des nouveaux tarifs. Des clients américains, ou des clients canadiens qui exportent aux États-Unis, retardent leurs commandes, incertains de l’avenir économique. « Certains de nos membres constatent déjà un ralentissement des affaires », note Richard Blanchet. Les entreprises dont une portion importante de leur chiffre d’affaires est destinée à l’exportation vers les États-Unis sont les plus affectées. Toutefois, certains secteurs, comme ceux spécialisés dans des produits de niche ou difficilement remplaçables, semblent moins vulnérables à court terme, bien que la concurrence américaine soit prête à prendre le relais à moyen terme. De plus, les entreprises ayant des contrats à long terme sont protégées temporairement. « Ces entreprises sont moins impactées à court terme, mais leur protection reste limitée dans le temps », précise M. Blanchet. Cependant, elles devront trouver des manières de se distinguer pour maintenir leur compétitivité face à l’arrivée éventuelle de nouveaux acteurs.

Répondre au défi actuel par l’automatisation, l’innovation et le développement de nouveaux marchés

Pour contrer les effets des tarifs douaniers, les PME sondées prévoient miser principalement sur l’automatisation et l’innovation ainsi que sur le développement d’autres marchés au Canada ou à l’exportation outre-mer. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs déjà investi dans l’automatisation pour améliorer leur compétitivité et réduire les coûts de production. Cependant, comme le montre le Baromètre industriel québécois depuis plusieurs années, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour nos entreprises quand elles se comparent aux autres économies avancées. D’autres entreprises se concentrent sur la différenciation et la valeur ajoutée de leurs produits. Ainsi, elles espèrent que les clients seront prêts à payer davantage pour se procurer leurs produits. Enfin, au niveau du développement de nouveaux marchés, le reste du Canada demeure le premier endroit à développer pour la plupart des PME manufacturières. Bien que l’Europe et l’Asie soient des alternatives intéressantes, la logistique, les coûts de transport et la concurrence déjà présente rendent difficile l’accès à ces marchés. Percer ceux-ci demeure plus long et complexe pour nos entreprises.

Les attentes des PME envers le gouvernement

Les manufacturiers québécois sondés attendent une réponse du gouvernement canadien, mais les opinions divergent quant à l’ampleur des mesures à adopter. Certains souhaitent une approche ferme, telle que l’imposition de tarifs réciproques sur les produits américains, tandis que d’autres préfèrent une réponse plus mesurée. Toutefois, tous s’accordent sur la nécessité de mesures ciblées afin de ne pas taxer les intrants américains dont notre économie ne pourrait se passer. Selon les entreprises rencontrées, le soutien envers les PME manufacturières doit être bien pensé, avec des mesures adaptées aux réalités de chaque secteur. Elles soulignent également la nécessité d’éliminer les barrières commerciales internes entre provinces et d’uniformiser la réglementation pour simplifier les démarches administratives. Enfin, toutes s’entendent sur la nécessité de favoriser l’achat local lorsque possible.

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