Son principal mandat sera d’assurer une formation en main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux nouveaux besoins de l’industrie. Mais il y a encore plus. Le CIPP aura pour autre mission de réaliser des recherches et du développement en vue d’assurer à l’industrie une croissance économique durable dans le cadre d’un marché mondial extrêmement concurrentiel. Bien que le parcours à franchir demeure difficile d’ici là, la lumière pointe déjà à l’horizon.
Malgré d’autres fermetures d’usines à prévoir, l’industrie des pâtes et papiers aura un besoin pressant de gens qualifiés d’ici les prochaines années. « L’industrie est aujourd’hui en pleine transformation. Son image n’est pas très bonne, elle est perçue comme désuète et classique; et personne ne la voit comme une industrie de haute technologie. Et pourtant, le besoin d’une main-d’œuvre compétente est très présent », explique le directeur général du Centre intégré en pâtes et papiers (CIPP), Patrice J. Mangin.
Il y a près de dix ans, plusieurs personnes du milieu savaient que l’industrie se dirigeait vers un sommet jamais inégalé de son cycle de vie. Et que cela était pour entraîner d’importants changements en profondeur. C’est alors que l’idée de mettre sur pied un centre intégré en pâtes et papiers a surgi.
Pour développer le projet, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et le Cégep de Trois-Rivières ont investi les premiers fonds. L’idée a fait son chemin si bien qu’il a été possible de réunir 80 M$ pour la construction du plus ambitieux projet depuis les 25 dernières années dans cette industrie à l’échelle mondiale. Les gouvernements provincial et fédéral ont injecté chacun 23,5 M $, l’UQTR et le Cégep de Trois-Rivières ont fait don d’équipements et de machines au CIPP équivalant à 25 M $ et les papetières ont accepté de contribuer pour un montant de 8 M $.
La construction du Centre a démarré en avril dernier et devrait être achevée l’été prochain. L’ouverture est prévue à la mi-septembre. « Grâce à la naissance du Centre, nous allons être en mesure de préparer le personnel de demain, c’est-à-dire des travailleurs qualifiés pour gérer la renaissance de l’industrie. De plus, le département de recherche et de développement sera orienté vers de l’analyse plus stratégique et fondamentale. Nous serons capables de faire du développement de pointe et de réaliser des essais sur machines. »
Dans l’industrie des pâtes et papiers, les marges économiques sont très faibles. Qui plus est, la demande en capitaux est extrêmement élevée pour qu’une usine puisse être concurrentielle. À titre d’exemple, les investissements entourant une nouvelle machine à papier, incluant les infrastructures, atteignent facilement le demi-milliard de dollars.
Selon Patrice Mangin, les amortissements sur les capitaux et les coûts de main-d’œuvre, de la matière première (ressources fibreuses) et de l’énergie sont les facteurs les plus importants pour assurer une viabilité financière à toute entreprise.
« Pendant longtemps, nous avons été privilégiés au Canada à ce niveau-là. Mais dans une économie de marché, un pays comme la Chine nous fait mal en raison des coûts peu élevés de la main-d’œuvre et de ses investissements dans le papier recyclé. Une telle stratégie crée une pression à la hausse sur les prix de la fibre. »
Au Canada, M. Mangin sait que d’autres usines seront appelées à fermer d’ici les prochains mois. C’est inévitable, dit-il. « L’industrie des papetières est en train de se rationaliser à l’échelle mondiale. Les usines les plus performantes poursuivront leurs activités, les autres fermeront. Avec une consommation mondiale de papier qui augmente d’environ 2 % par année et une tendance prononcée vers la production de papier à valeur ajoutée, le futur Centre intégré ne pouvait pas arriver à un meilleur moment que maintenant. »