Selon le directeur du développement des systèmes industriels au CRIQ, Sylvain Bilodeau, l’objectif est de réduire la quantité d’énergie utilisée pour raffiner les copeaux dans un procédé de pâte thermomécanique. «Au fil des ans, nous avons développé diverses applications dans le secteur des procédés Kraft, ce qui permet aux papetières de réaliser des économies substantielles».
Lorsque le travail de recherche et développement a pris forme en 1997, le mandat était d’analyser la blancheur des copeaux. Au début, seule une caméra assurait le travail. Mais avec le temps, les chercheurs ont vite constaté que d’autres facteurs entraient en ligne de compte pour optimiser les procédés de transformation. Ce qui était le cas avec le taux d’humidité. Dans la majorité des cas, cela affectait la couleur des copeaux.
«À cet égard, nous avons développé divers modèles de senseurs d’humidité pour en arriver à des mesures beaucoup plus précises que ceux disponibles sur le marché. Notre modèle peut capter toutes les variations de procédés; il est très fiable», raconte Feng Ding, expert, secteur papier, direction du développement des systèmes industriels au CRIQ.
Contrairement aux autres pays dans le monde, le Québec éprouve tout particulièrement des problèmes de qualité avec ses copeaux. Et selon M. Ding, c’est la raison pour laquelle il faut valoriser les essences secondaires. «Si nous ne sommes pas capables de bien contrôler ces essences-là, il y aura un problème. Ça va créer une variation dans la qualité des copeaux lors du procédé entraînant ainsi une mauvaise qualité de pâtes et papiers».
Dans les usines à pâte Kraft, l’avantage d’utiliser des essences secondaires permet d’augmenter le rendement, de diminuer le pourcentage de rejets, d’améliorer le taux de productivité et de minimiser la consommation d’agents chimiques.
«C’était loin d’être le cas au début. Le système était installé dans la section du déchargement des copeaux pour gérer la cour à bois. La première application visait les usines à papier journal. Aujourd’hui, ce sont les usines à pâte Kraft. Nous sommes en mesure non seulement de mesurer la blancheur des copeaux mais aussi le taux d’humidité, la densité, la masse humide et la masse sèche des copeaux», poursuit M. Ding.
Pour réaliser ce projet de développement, le CRIQ a investi 5 M$ en recherche et développement. Le coût d’un classeur de copeaux s’élève à 300 000$. Et les recherches se poursuivent toujours pour améliorer la rentabilité des usines. «À l’heure actuelle, nous sommes en train de développer une autre composante pour mesurer les dimensions des copeaux: la granulométrie. Toutes les usines veulent connaître la dimension de leurs copeaux parce qu’elles consomment énormément d’énergie et l’objectif est de réduire la demande».
Par exemple, dans le secteur du papier journal, un copeau trop grand sera rejeté tandis qu’un copeau trop petit entraîne des problèmes de fibres. «La longueur des fibres ne sera pas nécessairement suffisante et ça va diminuer la qualité de la pâte».
Pour ce qui est des usines de pâte Kraft, l’épaisseur des copeaux joue un rôle déterminant parce qu’il peut compromettre le rendement. «Nous développons présentement un senseur à temps réel pour répondre à cette demande. D’ici la fin de l’année, nous devrions avoir complété un prototype et l’année suivante l’appareil devrait être disponible sur le marché».