Or, pour donner un nouveau souffle économique à Montréal, les emplois à haute valeur ajoutée représentent l’une des bouées de sauvetage les plus importantes, ce qui va lui permettre d’être plus concurrentielle à l’échelle mondiale et surtout à l’endroit des pays émergents.
Selon Michel Leblanc, président et chef de direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le bilan n’est pas négatif comme tel. À son avis, il y a eu restructuration et déménagement de certaines activités vers des endroits où le coût de la main-d’œuvre est moins élevé.
« Nous assistons à une concentration de secteurs vers des emplois à haute valeur ajoutée. Ce sont des emplois moins vulnérables comme ce fut le cas pour le textile autrefois et les vêtements à la mode. Maintenant, nous augmentons le nombre de postes liés au design, à la fabrication de matériaux plus sophistiqués et à toute la logistique du vêtement tels l’approvisionnement, la distribution et les fonctions des logiciels. »
Michel Leblanc ajoute que les gouvernements ont adapté leurs stratégies pour renforcer les créneaux prometteurs, tout en essayant de migrer les emplois et les entreprises là où la demande était prometteuse. Et cette orientation semble porter fruit.
Selon Service Canada et Montréal International, l’emploi dans le secteur de la fabrication dans la région métropolitaine devrait reprendre une partie des emplois perdus suite à la récession.
Les perspectives sectorielles 2011-2013 prévoient une croissance de 0,5% par année, une légère amélioration par rapport à l’ensemble du Québec qui se situe à 0,4%.
Les prévisions en hausse des créneaux du secteur de la fabrication sont les suivants:
La fabrication de produits procure de l’emploi à 155 670 personnes à Montréal, comparativement à 522 335 pour l’ensemble du Québec.
Dans le secteur de la production, Montréal devrait connaître la plus forte progression avec une croissance annuelle moyenne de 1,8 % par rapport à 1,3 % pour le Québec.
Les hausses les plus significatives sont les suivantes :
Pour ce qui est du nombre d’emplois par secteur, les voici : *
* Source : Ville de Montréal et La Presse (chiffre de 2009 et 2011)
Selon Statistique Canada, le taux de chômage à Montréal en février dernier était de 9,2% par rapport à 8,4% au Québec.
Selon l’étude Choix concurrentiels 2012 de KPMG, Montréal se hisse au 7e rang des villes canadiennes pour la faiblesse de ses coûts, ce qui en fait le centre urbain le plus abordable parmi les 30 métropoles canadiennes et américaines étudiées de deux millions d’habitants ou plus.
La firme de cabinets KPMG spécialisée en fiscalité et services-conseils précise que les coûts y sont peu élevés ou modérés au chapitre des transports, des loyers des locaux industriels et de l’électricité, ce qui lui vaut une position enviable au Canada.
L’enquête a tenu compte de 26 facteurs pour établir ses résultats.
Trois secteurs d’activités représentent un enjeu majeur pour le développement économique de Montréal au cours des prochaines années : l’aérospatiale, les sciences de la vie et les technologies de l’information et des communications.
Ces grappes de haute technologie constituent le nerf de la guerre, selon Montréal International. Voici la compilation la plus récente :
En aérospatiale, Montréal figure parmi les trois capitales mondiales après Seattle et Toulouse. Cela représente plus de 40 000 emplois au sein de 234 entreprises générant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 12 milliards de dollars, soit 10% du PIB total du Grand Montréal.
En sciences de la vie, malgré les récentes pertes d’emplois, ce secteur demeure néanmoins vital. Montréal International évalue à 43 000 le nombre d’emplois répartis à travers 620 organisations, dont quelque 150 organismes de recherche. Montréal est toujours considérée comme leader mondial en recherche fondamentale, fabrication de produits pharmaceutiques, fabrication d’équipements médical et recherche contractuelle.
Près de la moitié du secteur biopharmaceutique canadien et la plupart des activités de recherche fondamentale et clinique sont concentrées dans le Grand Montréal. Toujours selon les résultats les plus récents de Montréal International, on y retrouve une vingtaine de multinationales pharmaceutiques qui ont établi leur siège social à Montréal.
Le troisième secteur prometteur est celui des technologies de l’information et des communications (TIC). C’est la voie de l’avenir si l’on se fie aux résultats. On estime à 120 000 le nombre d’emplois au sein de plus de 5 000 entreprises privées, dont 70% de ces emplois se situent dans le Grand Montréal.
Les TIC est une grappe riche et diversifiée, dotée d’une masse critique d’entreprises dans cinq grands secteurs :
À lui seul, le secteur du multimédia, qui représente 10% des emplois de la grappe, est celui dont la croissance est la plus rapide, en raison de l’ascension fulgurante du créneau du jeu vidéo.
Dans son budget du printemps dernier, le ministre des finances, Raymond Bachand, a annoncé une aide supplémentaire à l’exportation en plus d’un crédit d’impôt remboursable aux PME qui veulent diversifier leurs marchés à l’exportation. Ainsi, six millions de dollars seront versés aux technologies de l’information.
« La croissance de nos entreprises va dépendre de la capacité non seulement à exporter, mais à optimiser nos chaînes de production et de distribution à l’échelle internationale. » – Michel Leblanc, président, Chambre de commerce du Montréal métropolitain
D’autres mesures sont aussi mises de l’avant pour aider les exportations dans les secteurs du vêtement, de la forêt, de l’agroalimentaire et de la transformation du minerai.
Scepticisme ou pas chez les dirigeants d’entreprises, toujours est-il que la part du manufacturier dans l’économie québécoise est passée de 22,9% en 2000 à 16,1% en 2011.
Selon Simon Prévost, président de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), il s’agit de petites mesures. À son avis, il n’y a rien de majeur pour relancer le secteur manufacturier au Québec.
Dans son dernier rapport de 36 pages sur les perspectives économiques nord-américaines dans un contexte international 2012-2013 publié en mars, Maurice Marchon, professeur à l’Institut d’économie appliquée aux HEC à Montréal, croit que la reprise économique est toujours fragile et que par conséquent Montréal ne peut y échapper.
« La reprise est toujours fragile en raison de la faible création d’emplois, de l’absence d’un plan crédible et équilibré en vue d’assainir les déficits budgétaires aux États-Unis de même que par la lenteur des autorités européennes à prendre les mesures nécessaires pour rétablir la santé financière de la zone euro. »
À son avis, le taux de croissance du PIB potentiel du Canada tombera sous le seuil de 2% au cours des prochaines années parce que le taux de chômage, qui s’élevait à 7,6% en janvier 2012, n’est pas aussi éloigné du taux de chômage de plein-emploi qu’aux États-Unis.
Pour Michel Leblanc de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, trois points majeurs sont importants pour assurer la viabilité économique future des entreprises manufacturières.
« Ce que je dis aux élus, c’est de poursuivre les stratégies mises en place vers les secteurs manufacturiers porteurs. En aéronautique par exemple, un secteur cyclique, il faut soutenir les stratégies de formation de main-d’œuvre pour demeurer concurrentiel. Ce qui m’amène au deuxième point : la productivité. Nous avions déjà des indicateurs de croissance de productivité négatifs et décevants depuis très longtemps avec la remontée du dollar canadien. Or, en combinant ces deux réalités, cela donne pour résultat que nos entreprises manufacturières ont un enjeu de compétitivité par rapport à d’autres espaces avec lesquels nous sommes en concurrence. »
En TIC, Michel Leblanc indique que les investissements sont trop lents. Il ajoute qu’il doit y avoir un rattrapage massif de gains de productivité, notamment dans les outils de technologie.
Son troisième et dernier point repose sur une nouvelle réalité. « Nos entreprises vont croître dans la mesure où l’on exporte. Il faut parler de stratégie à l’exportation. Et la croissance de nos entreprises va dépendre de la capacité non seulement à exporter, mais à optimiser nos chaînes de production et de distribution à l’échelle internationale dans le cadre de la mondialisation des marchés. »
Michel Leblanc accorde une note de 7,5 sur 10 (10 étant la meilleure note) à Montréal par rapport aux grandes villes canadiennes en raison d’une détérioration moins forte de son secteur manufacturier et de sa capacité à s’orienter vers des secteurs industriels porteurs.
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