Selon le président de l’organisme, Avrim Lazar, la politique d’Ottawa a pour effet d’entraîner le transfert de milliers d’emplois et de capitaux chez nos voisins du Sud. Pour lui, la Banque ne fait rien qui vaille pour contrôler l’appréciation de la devise canadienne. Même son de cloche chez Abitibi-Consolidated. L’entreprise dénonce le manque de fermeté de la Banque centrale dans sa politique monétaire.
L’AFPC, qui représente les producteurs de bois, de pâtes et de papiers au pays, soutient que l’industrie a enregistré des gains au chapitre de sa productivité plus rapidement que l’ensemble des manufactures des autres secteurs d’activités. Toutefois, Avrim Lazar indique que l’appréciation de 40 % du dollar canadien depuis les quatre dernières années a annulé toutes les chances de reprise. L’association précise que 11 000 emplois ont été perdus dans le secteur forestier et au-delà de 100 000 dans le secteur manufacturier.
La montée du dollar canadien a eu raison d’une quinzaine d’employés, au début de juin, à l’usine Alstom de Gatineau. C’est ce qu’a expliqué un porte-parole de l’entreprise en ajoutant que le ralentissement dans l’industrie des pâtes et papiers était la principale raison du congédiement temporaire.
Alstom procure de l’emploi à une soixantaine de travailleurs. Spécialisée dans l’entretien et le réusinage de chaudières géantes servant à générer de la vapeur dans la fabrication des pâtes et papiers, Alstom subit les contrecoups d’une industrie en difficulté.
Chez Abitibi-Consolidated, les mauvaises nouvelles se succèdent. D’autres mises à pied sont prévues cette année, malgré la vente d’actifs et la fermeture d’usines en 2005.
Les analystes prévoient que l’entreprise va continuer d’éprouver d’autres problèmes, tant que la crise dans le secteur des pâtes et papiers ne cessera pas. Autrefois classée au 10e rang parmi les géants forestiers, Abitibi-Consolidated se hisse maintenant au 15e rang.
Selon les projections d’Exportation et développement Canada (EDC), les exportations forestières québécoises seront en chute libre de 5 % cette année et de 6 % en 2007. Trois raisons expliquent ces déclins, selon l’économiste en chef de l’organisme, Stephen Poloz : la vigueur persistante du dollar canadien, la hausse soudaine du prix de l’électricité et la baisse de la demande américaine.
« Même si la plupart des secteurs font mieux cette année, le secteur forestier et celui des biens de consommation, tous deux en déclin au Québec, freineront nettement la croissance globale ».
À l’échelle du pays, la croissance économique devrait rester stable à 3 % en 2006 et 2,7 % en 2007. Pour ce qui est des volumes d’exportations, ils devraient augmenter de 3 % cette année, en légère hausse par rapport à 2 % en 2005.