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Jun

Innovation et diversification des marchés : des essentiels dans le contexte actuel

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Auteur:  
Marie-Pierre Ippersiel, PRIMA Québec

Toutes périodes de crise devraient être des tremplins qui nous poussent à agir et à innover. Or, l'incertitude du commerce avec nos voisins du Sud doit nous amener à encourager et soutenir l'innovation de nos entreprises, afin qu'elles poursuivent leurs efforts pour améliorer ou développer de nouveaux produits et procédés. Plus encore, elles devraient être encouragées à diversifier leurs marchés.

La situation actuelle révèle l'importance vitale de l'innovation pour la pérennité des entreprises, particulièrement des PME. Face à la fragilité des modèles d'affaires, il est crucial d'accélérer les connexions, de soutenir le réseautage entre les secteurs et de garantir une collaboration efficace des divers acteurs. Bien que nos entrepreneurs aient des idées prometteuses, l'innovation industrielle nécessite un ensemble de facteurs : savoir-faire, talents, infrastructures de recherche, financement, cadre réglementaire adapté, partenaires fiables et réseaux étendus. Il est impératif de mettre en place un environnement qui permette d'oser, d'apprendre de ses erreurs et de réagir rapidement, en minimisant les risques, comme le font les économies les plus performantes. Les entreprises, en particulier les PME, ont besoin d'un accompagnement sur mesure qui leur donne accès à toutes ces ressources et à une expertise en innovation. L'engagement continu des gouvernements est fondamental pour la dynamique de notre écosystème d'innovation, un moteur essentiel pour l’ensemble de l’économie québécoise.

Des entreprises sous pression

Un sondage réalisé récemment auprès de la clientèle entreprise des regroupements sectoriels de recherche industrielle (RSRI) révèle leurs préoccupations . Les lignes qui suivent en présentent quelques-unes en rafale sur deux horizons temporels : l’immédiat (photo prise en mars 2025) et dans 12 à 18 mois.

Dans l’immédiat, les entreprises (toutes tailles confondues) signalent que les impacts très importants, voire importants, sont, dans l’ordre : la baisse de profitabilité (64 %), la perte de marchés (60%), la diminution des activités et d’investissements en R-D et innovation-RDI- (56%), la perte de contrats (54 %), les mises à pied (ou le ralentissement dans les embauches) et les problèmes d’approvisionnement (48%), ainsi que l’arrêt des activités et d’investissements en R-D et innovation (43%). Ce dernier point n’augure rien de bon quant aux enjeux de productivité et de compétitivité des entreprises.

Dans un horizon de 12-18 mois, les entreprises (toutes tailles confondues) signalent que les impacts très importants, voire importants sont, dans l’ordre : la baisse de profitabilité (74 %), la perte de contrats (73%), la perte de marchés (70%), les mises à pied (ou le ralentissement dans les embauches) (63%), la modification de leur modèle d’affaires (62%), l’arrêt des activités et d’investissements en  R-D et innovation-RDI- (56%), les problèmes d’approvisionnement (53%), la réduction du nombre de produits/services développés et/ou commercialisés (51%) et la fermeture de leur entreprise (25%). Ce dernier point est plus important chez les très petites entreprises (30%) et les petites entreprises (39%).

Des exemples d’outils pour les PME

Investissement Québec a d’ailleurs mis de l’avant des programmes dans le but de soutenir les entreprises. À titre d’exemple, le programme FRONTIÈRE vise les entreprises québécoises exportatrices du secteur manufacturier ou d’un secteur primaire ayant des besoins de liquidités, des entreprises affectées par un tarif douanier américain. Et pour soutenir les entreprises dans leurs démarches de diversifications des exportations, le programme Panorama peut, par exemple, financer le fonds de roulement d’une entreprise pour soutenir sa stratégie de diversification de marchés au Canada et à l’international.

Outre ces deux exemples, n’oublions pas les ressources du Québec à l’étranger. Un bel exemple est celui de la Délégation générale du Québec à Bruxelles, qui a pour mandat d'assurer le rayonnement du Québec et la promotion de ses intérêts en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et auprès des institutions européennes.

En parallèle, le Gouvernement du Canada dispose également d’outils dont le programme CanExport PME afin de soutenir les activités de développement des marchés d'exportation. Un service également bien utilisé concerne le Service des délégués commerciaux qui offre des conseils personnalisés, des solutions d'exportation et des possibilités de financement pour aider les entreprises à réussir sur les marchés internationaux.

Au-delà de ces programmes, il est crucial continuer de favoriser l’innovation, pour ne pas figer devant la situation commerciale. Le développement du savoir et la mise à contribution de ce dernier au service de nos entreprises, sont absolument essentiels à notre maintien dans le peloton de tête des économies modernes dont la prospérité repose sur l’innovation constante. La collaboration entre les industries et les organisations de recherche permet de décupler l’ampleur des innovations, l’impact de nos investissements publics et privés en recherche et la capacité de nos entreprises à affirmer leur présence sur les marchés internationaux. L’investissement public pour soutenir l’innovation est essentiel. Plus encore, si le marché européen est visé, il devient crucial d’avoir en tête que la décarbonation de l’économie et les exigences environnementales sont à prendre davantage en considération.

Une diversification qui se planifie…

En effet, dès 2027, l’instauration du passeport numérique de produit sur certaines catégories en Europe s’imposera comme un outil clé pour accélérer la transition vers une économie circulaire. Dans le contexte actuel, il est essentiel de bien saisir l’importance de ce passeport dans la conception, les produits et les innovations que nos entreprises envisageraient de déployer outre-mer.  

D’ailleurs, PRIMA Québec anticipait déjà ce changement lorsqu’il a lancé, avec ses partenaires, la démarche de la Feuille de route 2035 – Les matériaux avancés et procédés associés pour la décarbonation de l’économie. Elle a comme ambition de contribuer à répondre à certains grands défis sociétaux (la transition énergétique, la transition numérique et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement stratégiques) en déployant des actions concrètes et en lien avec la vision 2035.

Ce parcours vers 2035 est pavé d’occasions d’affaires, de recherche et d’innovation. La résilience, la créativité et l’engagement des communautés scientifiques et industrielles seront les moteurs de cette transformation, et ce, en collaboration avec les gouvernements. La nécessité de repousser les limites de la science des matériaux, d’optimiser les procédés et d’intégrer les principes de l’économie circulaire, ainsi que de l’analyse de cycle de vie, dans toutes les initiatives est impérative.

Quelques actions viennent outiller les entreprises pour les sensibiliser aux réglementations en lien avec la décarbonation sur les marchés étrangers, particulièrement européens (ex :  comprendre l’économie circulaire).  

…et qui s’appuie sur l’innovation

Horizon Europe est le programme-cadre de financement de la recherche et de l'innovation le plus récent de la Commission européenne (CE).

Le 3 juillet 2024, le gouvernement du Canada et la Commission européenne (CE) ont signé un accord permettant une participation accrue du Canada à Horizon Europe dans le cadre du Pilier 2 (Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne) où le Canada y met 150 M$. Les organisations canadiennes pourront maintenant présenter une demande pour des projets de recherche et de développement liés aux grands défis sociétaux. Les demandes devront être présentées en réponse aux appels de propositions relatifs à divers sujets regroupés en six clusters de financement : 1) santé, 2) culture, créativité et société inclusive, 3) sécurité civile pour la société, 4) numérique, industrie et espace, 5) climat, énergie et mobilité 6) alimentation, bioéconomie, ressources naturelles, agriculture et environnement.

Dans ce contexte, le Gouvernement du Québec a mandaté PRIMA Québec pour encourager le développement de partenariats internationaux en recherche et innovation impliquant chercheurs et entreprises d’ici. Concrètement, une ressource dédiée s’assurera notamment de sensibiliser les membres de ces regroupements sectoriels de recherche industrielle (RSRI) et, plus largement, de l’écosystème de la recherche industrielle (R-I) québécoise, au potentiel de collaborations et de projets dans le cadre du programme « Horizon Europe ». Il s’agira également, grâce à une collaboration entre les RSRI, d’identifier les axes de recherche prioritaires et de cibler les occasions de financement pertinentes, ainsi que faire le lien avec les partenaires potentiels québécois.

Ce nouvel outil viendra stimuler l’innovation, en y associant des partenaires européens. De ces nouvelles collaborations, faut-il l’espérer, des produits innovants émergeront et sauront s’insérer dans de nouvelles chaînes d’approvisionnement.

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