Une étude du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences Canada, révèle que 4 000 emplois dans Chaudière-Appalaches et plus de 1 400 autres au Centre-du-Québec ont été perdus depuis 1998. 25 % des usines de cette industrie sont maintenant fermées. Et ça continue…
Déjà entre 1998 et 2003, le nombre de prestataires de l’assurance-emploi a augmenté de 50 % dans la région de Chaudière-Appalaches. Ces fermetures d’entreprises dans le secteur du vêtement affectent particulièrement les femmes qui constituent la majorité des employées de ce secteur.
Environ, la moitié de l’industrie du textile et du vêtement du Canada se trouve au Québec, où elle représente 100 000 emplois directs. 70 000 d’entre eux se concentrent dans le secteur du vêtement. 15 % de ces emplois se retrouvent dans les régions du Centre-du-Québec et de Chaudière-Appalaches.
Depuis 1998, le grand secteur textile et vêtement a perdu beaucoup de terrain à Drummondville avec les fermetures de Celanese, Cavalier Textile et récemment, Denim Swift. L’usine Les Teinturiers Élites, également basée à Drummondville, a fermé ses portes le 2 juin dernier. Comment explique-t-on cette dramatique dégringolade de l’industrie ?
« Il faut savoir que le gouvernement fédéral a négocié des accords de libéralisation du textile pour favoriser les pays émergents de l’Asie, notamment. Cela fait en sorte qu’on a véritablement abaissé nos barrières tarifaires d’importations de produits textiles. Alors comment concurrencer avec quelqu’un qui gagne 0,60 ¢/ l’heure dans une usine au Bangladesh, au Pakistan ou en Chine avec quelqu’un qui gagne 7,75 $/l’heure au salaire minimum, ici au Québec ? », explique Jean Lortie, président de la Fédération du commerce à la CSN.
Des 70 entreprises de l’industrie du textile encore ouvertes dans Chaudière-Appalaches, après la fermeture d’une trentaine de leurs concurrents, la compagnie Confection HGQ de St-Gédéon a dû, elle aussi, mettre la clé sur la porte au mois de février dernier.
Pour survivre à la concurrence asiatique, les entreprises d’ici doivent se retrousser les manches. « Les entreprises doivent axer leurs actions sur une compétence principale. Par exemple, vous commandez à la Chine un certain nombre de produits textiles et ça prend 6 mois avant que vous les obteniez. Donc, c’est un créneau intéressant pour une usine d’ici, qui peut répondre à la demande en 48 ou 72 heures ou peut-être une semaine. Il y a aussi le créneau haut de gamme, qui demeure dans les petites niches très haute performance comme l’équipement de sports. C’est ce qui est à regarder », affirme M. Lortie. Toutefois, les spécialistes ne savent pas si cette économie de temps peut améliorer ou diminuer le profit.
On ne retrouvera jamais autant d’emplois qu’auparavant dans le secteur du textile. « C’était un secteur concentré dans quelques villes comme Magog, Huntingdon et Drummondville avec de bons emplois, des emplois industriels de bonne qualité, qu’on ne retrouvera plus ici au Québec. Ils sont partis en Asie du sud-est. Et pire, la Chine se voit maintenant concurrencée par des pays du Sahara comme le Mali et le Tchad. Tous ces pays vont bientôt concurrencer la Chine sur ces mêmes marchés de textile. Alors, c’est une descente aux enfers pour le marché industriel et pour les emplois. Seulement à Drummondville, on constate une perte de plus de 1 400 emplois en 5 ans. C’est une véritable catastrophe économique » ! déplore Jean Lortie.
Contre la concurrence chinoise, la barre est haute. Cette dure réalité concurrentielle n’est pas la seule.
Il y a présentement la montée de la valeur du dollar canadien. Ceci fait augmenter le prix de nos importations. Les gens doivent payer plus cher pour acheter nos produits. Ce qui n’aide en rien les entreprises d’ici à se tailler non seulement une place de choix dans l’industrie du textile et du vêtement dans le monde, mais une place solide et prometteuse pour les milliers de travailleurs actuellement sur le chômage.