À l’invitation du Cercle finance du Québec, le PDG de Redevances aurifères Osisko, Bryan Coates, a présenté les plans de développement ambitieux de l’entreprise créée en 2014.
Au début de 2015, Osisko a fusionné ses activités avec Mines Virginia, une des plus importantes sociétés d’exploration du Québec. L’intention affichée des dirigeants est de créer un géant minier québécois.
Le président du Cercle, Clément Roberge, rappelle le passage en 2011 d’André Gaumond devant le même auditoire. Ce dernier, alors PDG de Mines Virginia, avait raconté la découverte du gisement Eleonore à la Baie-James et sa vente au géant américain Goldcorp. Pour ouvrir cette mine, qui est entrée en production l’automne dernier, Goldcorp aura dépensé environ 2 milliards de dollars (G$).
Virginia recevait une redevance de 2 % des revenus tirés de l’extraction de l’or du gisement Eleonore. Cette redevance fait désormais partie des revenus de la nouvelle entreprise.
En 2018, lorsque la mine Eleonore sera exploitée à sa pleine capacité, Goldcorp y produira plus de 600 000 onces d’or par année. M. Gaumond, devenu vice-président d’Osisko Redevances aurifères, était présent le 21 avril dernier à Québec pour présenter Bryan Coates.
Chez Osisko, qui a ouvert la mine Canadian Malartic en 2009, on profite d’une redevance de 5 % des revenus de la mine abitibienne, désormais exploitée par un conglomérat formé par Agnico-Eagle et Yamana. Goldcorp a soumis une offre d’achat non sollicitée des actifs d’Osisko le 13 janvier 2014. Son offre était de 5,95 $ l’action. L’entente avec le conglomérat Agnico-Eagle et Yamana a finalement été conclue le 16 avril 2014, pour une valeur de 8,14 $ l’action.
En créant Redevances aurifères Osisko le 16 juin 2014, l’ancienne équipe de direction de la mine de Malartic a tout de suite pensé à approcher André Gaumond et Mines Virginia. L’annonce du projet de fusion des deux entreprises a été faite le 17 novembre 2014. Approuvée par la quasi-totalité des actionnaires le 12 janvier 2015, la transaction a été conclue le 17 février dernier.
André Gaumond rappelle que deux autres essais de créer un géant minier québécois ont échoué dans le passé. Les fondateurs d’Osisko avaient cette ambition de créer ce géant minier, mais ils ont fini par se résigner à vendre leur mine, dont la production pourrait durer encore 15 ans. L’autre échec a été celui de Cambior, où ont travaillé bon nombre des entrepreneurs miniers du Québec.
En 1986, la société Cambior a acheté de la SOQUEM une participation de 50 % dans la mine Niobec, qui exploite le niobium à Saint-Honoré, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. La mine est entrée en production en 1996, avec la participation de Teck Corporation, dont les parts ont été rachetées par Mazarin en 2001. En 2006, IamGold achète Cambior et les installations de la mine Niobec. IamGold a conclu la vente de la mine Niobec à Magris Resources en janvier 2015.
En fusionnant avec Osisko, Virginia apporte son expertise du territoire de la Baie-James, incluant des droits miniers sur plusieurs terrains situés à proximité de la mine Eléonore, dans la ceinture La Grande et dans toute la région de la Baie-James. Le projet Coulon est considéré comme l’un des plus prometteurs.
M. Coates rappelle que la redevance versée au prospecteur par Goldcorp augmentera jusqu’à 3,5 %, lorsque Goldcorp aura produit plus de 3 millions d’onces d’or, ce qui pourrait survenir quelque part en 2023. Les réserves actuelles du gisement sont déjà de 5 millions d’onces, et les ressources présumées sont de 8,6 millions d’onces.
André Gaumond note que Mines Virginia, tout comme Osisko en 2014, n’était pas à l’abri d’une offre d’achat hostile. En jumelant les deux sociétés, on concrétise ce rêve de créer un géant québécois ayant un siège social à Montréal, avec un bureau d’exploration à Québec. « C’est une fierté de réunir cette expertise et de bâtir cette entreprise au Québec », ajoute M. Gaumond. En plus de la capitalisation boursière évaluée à 1,7 milliard de dollars (G$), la société a 400 M$ en encaisse, précise-t-il.
Les fondateurs d’Osisko n’ont jamais été pris au sérieux, entre 2003 et 2009, quand ils parlaient d’ouvrir la mine à ciel ouvert à Malartic pour y extraire de l’or dans un gisement à basse teneur, rappelle Bryan Coates. Selon lui, la réalité de la mine de Malartic est très proche du projet rêvé par ses promoteurs. « C’est ce dont nous avons le plus besoin, tant dans le monde minier que dans le milieu des affaires : des entrepreneurs qui rêvent et qui réalisent des projets, » dit-il.
L’ouverture de la mine a nécessité le transfert de 140 résidences et de six bâtiments institutionnels, pour un coût total de 195 millions de dollars (M$). Entre l’acquisition de la propriété à Malartic et la première coulée d’or, il ne se sera écoulé que six ans et demi, un délai très court chez les producteurs aurifères. En pleine crise financière, Osisko a levé 1 G$ de capitaux pour ouvrir la mine, souligne M. Coates.
La production commerciale y a démarré en mai 2011, et la mine devrait fonctionner jusqu’en 2028. Depuis son ouverture, la production a été augmentée et les coûts d’exploitation ont baissé, ce qui en fait une exploitation très rentable pour les nouveaux propriétaires. En 2014, Canadian Malartic était la mine d’or la plus importante au Canada et elle devrait produire 560 000 onces d’or en 2015.
Chez Osisko Redevances aurifères, le portefeuille de l’entreprise est exposé à des réserves et des ressources équivalentes à 36,6 millions d’onces d’or. La relance du Plan Nord, annoncée au début d’avril par le gouvernement Couillard, réjouit Bryan Coates.
La société détient également une importante position de terrain sur des superficies totalisant 11 800 km2 dans la ceinture aurifère Guerrero, au Mexique. Elle possède aussi des participations dans plusieurs autres sociétés minières juniors, tant au Québec, comme Niogold (19,5 %) et Falco Resources (11,4 %) qu’ailleurs au Canada, comme Nighthawk (10 %) et TerraX (9,5 %), au Nunavut. Son portefeuille comprend aussi des participations dans les sociétés Mistango River, Ryan Gold, Bowmore Exploration et Oban Mining. Certains des projets les plus avancés pourraient entrer bientôt en production, comme les projets Pandora (Québec), Kirkland Lake et Hammond Reef (Ontario), et White Pine Copperwood (Michigan, É.-U.).
La société conserve son axe sur les titres aurifères, mais elle est ouverte à diversifier son portefeuille dans les titres reliés aux métaux de base, au fer, aux terres rares et au pétrole. La Caisse de dépôt et de placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ ont réalisé conjointement un placement privé de 42 M$ dans l’entreprise, qui a aussi obtenu le financement d’une marge de crédit de 150 M$ auprès de la Banque Nationale.
Est-ce que les efforts menés par Osisko afin de s’intégrer dans la communauté de Malartic lui seront utiles pour ses futurs projets ? « Il n’y a jamais autant de consultations avant de lancer un projet que celui de Canadian Malartic, insiste Bryan Coates. Il y a beaucoup de dialogues avec la communauté en amont du projet. Nous en sommes fiers. » Des choses pourraient être améliorées, reconnaît-il, mais le promoteur referait « 90 % de ce qui a été fait ».
Faire travailler 1400 personnes pour construire la mine, et recruter les 800 employés qui y travaillent en ce moment à Malartic, a été un important défi et tous ceux qui ont permis de le relever doivent être fiers, dit-il. M. Coates note que les gisements miniers de bonne valeur sont plus difficiles à trouver et plus coûteux à démarrer.
Bryan Coates dit ne pas s’inquiéter des aléas du prix de l’or qui, après avoir atteint un plafond de 1600 $ US en 2011, a chuté à environ 1200$ US ces dernières semaines. Quand le prix de l’or était à son sommet, le dollar canadien s’échangeait au pair avec la devise US. Avec la chute du dollar canadien (CAD) aux environs de 0,80 $ US, l’once d’or rapporte encore 1450$ CAD au prix actuel.
« À ce prix-là, des mines comme Canadian Malartic et Eleonore produiront des revenus importants et de l’encaisse. Si tu n’arrives pas à exploiter une mine d’or de manière rentable à ce prix-là, tu as un problème.» Depuis le début de sa carrière, il note que les prévisionnistes ont annoncé la fin du marché de l’or à au moins quatre reprises. « J’en ai des titres aurifères dans mon portefeuille », conclut-il.